Booba s'est-il largement enrichi grâce à LVMH

La chanson LVMH contient deux passages qui furent longtemps intrigant pour tout le monde mais dont le secret s'il en était un ne l'est plus . Quand Booba dit rien à foutre de monter les marches (les marches en finances sont les paliers de declaration, je les expliquerai plus loin), ou encore Narbé Arnault mucho dinero yo te amo, il faut sans doute comprendre qu'il avait placé ses deniers dans LVMH et que leur transaction frauduleuse durant leur prise de position au sein la société Hermès lui a sans doute rapporté un max. Cette opération aura rapporte 3,8 milliards de plus value à LVMH et on se demande combien à l'ourson ...



  Voici le récit en 2013 de cette histoire.



BOURSE - Deux ans que ces géants du luxe français s'affrontent sur le terrain des marchés. Deux ans que LVMH se défend de vouloir prendre le contrôle d'Hermès. "Nous n'avions pas prévu d'être actionnaires d'Hermès. Nous avons fait un placement financier et il s'est dénoué d'une façon que nous n'avions pas prévue", a répété Bernard Arnault en avril dernier, lors de l'Assemblée générale de son groupe. Pourtant, les faits sont très troublants. C'est ce que la commission des sanctions de l'Autorité des marchés financiers (AMF) a tenté de déminer vendredi 31 mai, avec l'audition du patron de LVMH. Bernard Arnault devait expliquer les conditions de son entrée dans le capital d'Hermès, qu'il détient aujourd'hui à hauteur de 22,60%, contre 72% environ pour la famille héritière. En fin de journée, l'AMF a demandé une sanction de 10 millions d'euros à l'encontre de LVMH. Le gendarme de la Bourse a jugé pleinement justifiés les griefs de défaut d'information au marché et dissimulation comptable dans sa montée surprise au capital d'Hermès.

Tout commence à l'automne 2010. 

Le samedi 23 octobre, à la stupéfaction générale, LVMH déclare posséder 14,2% et bientôt 17,1% du sellier du Faubourg Saint-Honoré, coté en Bourse depuis 1993 mais détenu en majorité par les héritiers du fondateur Thierry Hermès. Et ce, grâce notamment à des produits financiers dérivés, révélant l'ingéniosité des financiers du leader mondial du luxe. Les héritiers sont sous le choc et les marchés aussi. Sans rien dire, Bernard Arnault est passé de concurrent à membre du conseil d'administration, doté de 16% des droits de vote. Et tout cela en 10 ans, petit à petit, sans jamais dévoiler ses intentions.
Pourtant, la loi oblige toute société achetant un certain nombre d'actions d'une entreprise cotée à se déclarer auprès de l'AMF (le gendarme de la Bourse), rendant ainsi l'information publique. Une façon de "voir arriver" les prises de contrôle et éviter les rachats sauvages en Bourse. Alors, comment Bernard Arnault est-il parvenu à préserver l'anonymat? Retour sur les ficelles d'un coup de génie financier. Comment LVMH est monté au capital sans jamais se déclarer Dès lors qu'un actionnaire franchit la barre symbolique d'une société cotée (5%, 10%, 15%...), il est tenu d'effectuer une déclaration préalable de franchissement de seuil.

Ce que LVMH n'a jamais fait avant octobre 2010.

Le vrai départ se fait en 2001, explique Le Monde, qui a pu consulter le rapport de l'AMF. Cette année-là, le groupe rachète très exactement 4,9% d'Hermès, via ses filiales luxembourgeoises et américaines. L'astuce est même allée jusqu'à cacher la manoeuvre aux actionnaires de LVMH, qui ne seront au courant de la démarche que le 21 octobre 2010, soit deux jours seulement avant le public. Mais retournons en 2001. Les 4,9% d'actions d'Hermès sont pour l'instant transférées dans des paradis fiscaux, dans les sociétés Ashbury Finances, Bratton Direction et Ivelford Business.

A cette époque, Bernard Arnault ne fait pourtant aucun mystère sur les 3,5% du groupe de luxe italien Tod's qu'il vient de s'offrir. Pour Hermès, il préfère rester plus discret. Pas de problème, puisqu'il reste juste en-dessous de la barre fatidique des 5%. Le seconde partie, capitale, se joue alors au cours de l'année 2006, lorsque Jean-Louis Dumas, l'emblématique patron d'Hermès pendant 28 ans, est contraint de passer la main pour des raisons de santé. La filiale irlandaise de la banque d'affaires Natixis propose son plan à LVMH : il s'agit d'utiliser des "equity swaps à dénouement monétaire".

Pour faire simple, ces instruments financiers opaques permettent de jouer sur un titre boursier sans le posséder. Mais tout en gardant la possibilité de l'obtenir à terme. Il s'agit donc d'une sorte d'option d'achat. Un peu comme si vous achetiez en pré-commande sur Amazon un DVD mais qu'au moment de sa sortie, Amazon vous donnait le choix entre vous faire rembourser ou le recevoir comme prévu. Pendant les 2 ou 3 mois de la pré-commande, le DVD ne vous appartiendrait pas encore légalement.

Par cette astuce, LVMH organise alors le rachat de titres Hermès en étoile, via trois banques, de façon à ce qu'aucune d'entre elles ne franchisse le cap symbolique des 5%. Natixis acquiert de son côté 4,7%, la Société Générale 4,5% et le Crédit Agricole 3%. Car, pour le coup, le pot aux roses aurait été découvert. Voici ce qu'en dit l'AMF dans son rapport : cette technique a pour "effet opportun de ne donner aucune information claire et individualisée sur ces equity swaps et de les rendre indétectables par le public". Vient alors le mois de juin 2010, quand LVMH décide de rentrer officiellement dans la bergerie. Le groupe de Bernard Arnault demande ainsi aux trois banques d'être payé en actions, et non plus en cash. Et les titres Hermès atterrissent dans le giron de LVMH.

Le 23 octobre, le groupe annonce officiellement détenir 14,1% d'Hermès, puis 17,1% le 26 octobre, 20,21% le 21 décembre, 21,4% en juillet 2011, 22,28% en décembre 2011.

Que risque LVMH dans cette affaire ? La famille Hermès s'est depuis constituée sa holding H51 qui rassemble 50,2% du capital, soit des titres de 52 héritiers. Nicolas Puech-Hermès, au contraire de ses parents, refuse d'entrer dans cette structure. Il est aujourd'hui soupçonné par sa famille d'avoir favorisé l'arrivée de LVMH dans le capital.
En effet, l'AMF affirme que c'est lui qui a vendu 8,8 millions d'actions Hermès, sans quoi les "equity swaps" n'auraient pas pu être mises en place. Aujourd'hui, l'enjeu pour LVMH relève davantage du risque d'image que du risque financier. En cas de condamnation, le groupe se verrait infliger une amende n'excédant pas 10 millions d'euros (comme l'AMF le demande), le plafond en vigueur au moment des faits. "L'image de LVMH dans le monde, c'est quelque chose de très sérieux et cette affaire peut porter atteindre à son image d'intégrité", indique un proche du dossier, cité par Reuters. Le vice-président de LVMH, Pierre Godé, a déclaré après l'audition devant l'AMF que le groupe n'avait "pas exclu" de revendre sa participation.

 Pour Hermès, le véritable enjeu se situe ailleurs, dans la plainte au pénal qu'il a déposée en septembre 2012 contre LVMH pour manipulation de cours et délit d'initié. Avec la nomination d'un juge d'instruction aux moyens d'enquête élargis, Hermès espère avoir accès aux contrats des fameux "equity swaps" pour pouvoir les attaquer et les faire annuler pour fraude. Le dénouement de l'histoire survient en 2014. La paix des braves entre LVMH et Hermès, qui est entérinée ce mardi 25 novembre lors d'une assemblée générale de LVMH après l'accord de conciliation inespéré conclu entre les deux parties sous égide d'un médiateur, ouvre une période floue, notamment pour Hermès. Après quatre ans de guerre sur tous les fronts contre LVMH, le fabricant des sacs Kelly et Birkin et des célèbres carrés de soie peut savourer le large désengagement prévu de son capital du numéro un mondial du luxe, propriétaire de Louis Vuitton. Il le réclamait haut et fort depuis l'intrusion de LVMH en 2010.

Ce sera bientôt fait et Hermès pourra se concentrer exclusivement sur sa stratégie de croissance et de production. Aux termes de l'accord négocié dans la plus grande discrétion cet été par le président du Tribunal de commerce de Paris Franck Gentil et annoncé le 3 septembre, LVMH va céder à ses actionnaires sa part de 23,2% dans Hermès sous forme de dividende en nature, et sortir ainsi entièrement du capital du sellier.

 L'opération doit être entérinée mardi 25 novembre lors d'une assemblée générale extraordinaire à Paris. Mais le retrait du milliardaire Bernard Arnault de Hermès n'est pas total, puisque le PDG de LVMH va conserver 8,5% du capital du fabricant des carrés de soie, via la holding patrimoniale Groupe Arnault. Voire un peu plus puisqu'il aristian Dior depuis la fin de l'été, ce qui en vertu des montages de participations de l'empire Arnault lui permettra d'avoir davantage de titres Hermès - Christian Dior étant le premier actionnaire de LVMH.

 En Bourse, le flottant de Hermès devrait passer de 7% à 22% d'ici septembre 2015, note Arnaud Cadart, analyste chez CM-CIC Securities et spécialiste du secteur. Incertitude à venir sur le cours d'Hermès Pour Hermès, la période qui s'ouvre est techniquement un peu floue en raison de "l'afflux de papier" qui s'annonce sur le marché: la vente de très nombreux titres, susceptible de faire baisser le cours qui est l'un des plus forts de la Bourse de Paris et a clôturé à 261,45 euros (en hausse de 0,95%) vendredi soir. Hermès se veut serein face à cette perspective et attend de voir qui conservera des titres, qui vendra, qui rachètera, et surtout dans quels volumes. Le groupe a sans nul doute pris ses dispositions pour réagir si le titre devait plonger en Bourse, afin de soutenir le cours. La holding familiale H51, créée pour résister à la pression de LVMH, pourrait se mobiliser, tout comme des investisseurs institutionnels. "Difficile de dire quelle sera la capacité du marché à absorber tous les titres Hermès qui vont circuler dans les prochains mois", commente l'analyste Arnaud Cadart.

 Des courtiers ont revu en baisse récemment leurs objectifs de cours sur Hermès, en raison du risque baissier post-distribution LVMH. D'autres au contraire ont relevé leur objectif, estimant que Hermès se distingue par l'extrême solidité de son modèle. Une sortie de capital bien négociée Pour Bernard Arnault, l'aventure LVMH dans Hermès est une défaite, mais elle se conclut sur une issue plus qu'honorable.

Dans le camp LVMH, on se félicite d'un accord de sortie considéré comme très équilibré. De fait, LVMH s'extrait du bourbier procédural dans lequel il était empêtré, visé par des plaintes de Hermès qui espérait rien de moins que faire annuler sa participation dans son capital, contestant les manoeuvres financières qui l'ont permise. A ce jour, Hermès a retiré toutes ses plaintes contre LVMH, conformément à l'armistice conclu. Le fardeau judiciaire pesait en raison de l'enjeu financier, mais aussi en termes d'image pour LVMH.

 Alors que l'affaire suivait son cours auprès de la justice, Bernard Arnault, très concentré ces derniers mois sur l'ouverture fin octobre de la Fondation Vuitton d'art contemporain, ne pouvait pas risquer que le sujet gâche la fête de ce projet colossal, ultra-médiatisé et salué de toutes parts. En outre, "cette histoire avec Hermès perturbait la nature du cours de LVMH, son +equity story+, parce qu'elle était impure", estime une source financière. Recentrage de LVMH sur ses marques In fine, bien qu'il n'ait pas mis la main sur Hermès, LVMH aura réalisé en quelques années grâce à sa participation dans ce groupe une plus-value d'environ 3,8 milliards d'euros, dont un milliard ont déjà été digérés dans ses comptes. Un beau lot de consolation. 

 "Techniquement aujourd'hui, LVMH s'appauvrit puisqu'il cède ses titres à ses actionnaires", remarque M. Cadart. Que pourrait faire LVMH désormais? "Il ne va pas forcément se lancer dans des acquisitions", estime l'analyste, même si selon lui le groupe aurait probablement intérêt à investir dans les cosmétiques pour devenir aussi rentable en la matière que L'Oréal. Dans l'entourage de LVMH, on indique que le groupe veut se concentrer sur la croissance de ses marques: notamment Berluti, qui élargit sa gamme de produits et ambitionne de devenir une référence du luxe masculin, ou encore le roi du cachemire italien Loro Piana, acquis en 2013 pour 2 milliards d'euros. Sans oublier la star Louis Vuitton, qui pèse 7,5 milliards d'euros, et est l'objet de toutes les attentions

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