100 milliards. La baisse de la dépense publique promise par Alain Juppé, François Fillon* et Nicolas Sarkozy de 2017 à 2022 est impressionnante.
Pour autant, cette ambition, validée mercredi par Les Républicains lors d'une convention sur la dépense publique et la fiscalité, ne doit pas être prise au pied de la lettre. Il ne s'agit pas de diminuer la dépense publique de 100 milliards en valeur absolue. Ce serait tout bonnement impossible. Les principaux candidats de la droite veulent en fait infléchir de 20 milliards par an la hausse tendancielle de la dépense publique observée d'année en année. En clair, ralentir son rythme de progression.
L'ampleur réelle de l'effort promis dépend avant tout de la période de référence retenue. Une période qu'ils ne précisent évidemment pas, ce qui entretient le flou sur la réalité du slogan des « 100 milliards ».
Une progression spectaculaire entre 2007 et 2012
Si les candidats se réfèrent au début de quinquennat de François Hollande, la tâche sera colossale. Sur les trois premières années du mandat de l'actuel locataire de l'Élysée, la dépense publique a en effet progressé de 57,5 milliards d'euros pour atteindre 1 243,4 milliards, soit une hausse de 14,4 milliards en moyenne par an.
Cela voudrait dire que Les Républicains, qui proposent 20 milliards de diminution chaque année, devront baisser la dépense publique en valeur absolue, de presque 6 milliards par an ! Pour rappel, la dépense publique a progressé de 34 milliards d'euros en moyenne par an pendant le quinquennat de Nicolas Sarkozy. Certes, c'était en période de crise financière aiguë, mais l'écart est énorme.
Si la période de référence est élargie aux 9 dernières années, de 2007 à 2015, l'effort est plus modéré. Sur les deux derniers quinquennats, la dépense publique a progressé d'environ 25 milliards par an en moyenne (on mesure au passage l'effort entrepris par François Hollande). Il faudra donc contenir la hausse à 5 milliards (25 moins 20) chaque année.
La dépense publique a augmenté de 227 milliards d'euros en 9 ans. La hausse a atteint 34 milliards par an sous Nicolas Sarkozy puis plus de 14,4 milliards par an sous François Hollande. Le président des Républicains veut infléchir la tendance de 20 milliards par an pendant 5 ans.
Le retour du non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux
Les ténors de la droite vont donc devoir expliquer comment ils vont parvenir à faire ce que personne n'a jamais réussi avant eux. Nicolas Sarkozy a détaillé son projet mercredi au cours d'une « convention » de son parti. L'ancien chef de l'État veut supprimer 300 000 postes de fonctionnaires en 5 ans par le retour du non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, voire plus.
L'effort serait compensé par une hausse du temps de travail dans l'administration de 35 à 37 heures par semaines. Le candidat pressenti à la primaire des Républicains entend aussi geler à nouveau le point d'indice des fonctionnaires. Il met aussi en avant la clarification des compétences des collectivités et le regroupement de leurs achats.
Baisser les dépenses sociales
Mais c'est sur les dépenses de protection sociale que Les Républicains tirent la moitié de leur plan d'économies (51 milliards) grâce à un nouveau report de l'âge légal de départ en retraite, une dégressivité des allocations chômage, la baisse du taux de remboursement des médicaments par l'assurance maladie de 76 à 73 % ou l'instauration d'une allocation sociale unique en lieu et place du RSA, de la prime d'activité, des allocations personnalisées au logement, de la prime de Noël et de l'allocation de rentrée scolaire.
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