Le monde la musique en France doit penser autrement

L'industrie  du disque a manifestement un soucis de d'adaptation avec son temps et surtout de valorisation des artistes qui pourtant sont connus, appréciés et sortent des produits de qualité.
Hélas la seule façon de faire de l'argent nerf de la guerre de toute industrie réside dans la vente de disque pure et dure soit physique soit digitale.

Les ventes de single qui dans certains pays sont énormes et amènent plus facilement un disque d'or que les ventes d'albums, sont en France à un niveau moribond voir proche du néant.

Voyons donc ensemble dans un premier temps la vie de ce marché, puis l'alternative américaine, et enfin la solution que je préconise.



Un marché plein de paillettes

Ne vous fiez pas aux ventes de Maitre Gims, Kendji Girac ou encore Les Enfoirés pour vous dire que les artistes ne sont pas à plaindre, car certains projets sont proches du bénévolat.
Un album c'est un enregistrement, un mix, un mastering, des clips pour la promo au minimum.
Certains paient aussi des passages radios, des pubs sur des sites très visités, des articles etc... un budget très conséquent à amortir pour la maison de disque.
Un artiste moyen c'est 20 K€ mais un gros nom c'est jusque 400k€ d'investissement, un très gros risque souvent pris par la maison de disque avec le piège des avances.
Une avance, c'est un budget que l'on vous donne pour votre projet qui sera remboursé par vos ventes. Si les ventes ne remboursent pas l'avance, vous êtes redevable de la différence.

Quand certains projets qui ont eu 150K € de budget ne vendent que 8000 albums, il devient alors très compliqué pour la maison de disque comme pour l'artiste de vivre de la musique après peut-être un an de travail acharné.

Youtube et le streaming pour un artiste indépendant sont des moyens d'amortir la chute, et peuvent parfois rapporter plus que la vente de cd, à défaut pour un artiste signé ce sera ce qui permettra à la maison de disque de retomber sur ses pattes.

Ne croyez pas que même un Booba soit très profitable pour une maison de disque car déjà l'artiste est dur en négociation, demande certainement des avances non récupérables, gère son projet comme il l'entend. Selon certaines sources que j'ai eu la dernière avance fut de 400K€ pour Nero Nemesis, ce projet a pris un certain temps avant d'atteindre les 60K de ventes, les droits de l'artiste sont assez forts ce qui fait que sa maison de disque fait très peu de profits sur ce projet.
Par contre pour lui c'est un sacré gain en vue sans compter son Bercy et ses autres dates (25K€ le showcase).

Le showcase est la nouvelle arme des artistes français, pour un peu que vous soyez connu, sinon oubliez cette idée qui sera plus de quoi payer des vacances à vos potes que de gagner vraiment votre vie.

Le nombre de maison de disque qui ont fait faillite en misant trop gros sur des artistes qui hélas n'ont pas rapporté autant que prévu montre que cette industrie est assez instable, et ce sont les grosses têtes qui en réalité rattrapent les pertes conséquentes sur d'autres projets.
Une personne travaillant dans une maison de disque m'a dit qu'un gros comme Kendji c'est 10 ou 15 projets rentabilisés.

Avant les maisons de disque développaient des artistes, maintenant elles ne prennent plus ce temps et se jettent sur le premier buzz venu en essayant de lui proposer un contrat en défaveur de l'artiste.

Les artistes sont de plus en plus indépendants, et comme je vous l'expliquait dans un ancien article en matière de cinéma à savoir qu'il vaux mieux miser sur un petit film car ça rapporte plus qu'un gros film plus risqué en musique c'est pareil.
Un artiste à buzz limité, qui a constitué un public solide vous vendre sur la durée 10 mille albums ce qui fait avec les droits numériques et les ventes un peu plus de 100 mille euros de chiffre d'affaires.
Son projet vous aura peut-être coûté 15 à 20 mille euros, en lui rétrocédant même 30 mille euros, vous faites un bénéfice de de deux à trois fois la mise.

C'est d'ailleurs un choix que font les "petites" maison de disque comme Believe par exemple, et qui leur permet de vivre sans prendre de grands risques.

L'Alternative Américaine 

Aux Usa on a décidé de développer deux trucs de façon très intelligente. Les mixtapes et les showcase.

Aux USA ils ont bien compris qu'avant d'être quelqu'un faudrait déjà qu'on écoute ta musique, c'est ainsi que des plateforme sont nés et ont permis à des artistes de livrer des projets proche d'un album afin de promouvoir leur musique.

Ce type de contenu grand public se propage dans la rue, dans les boites de nuit et permet aux artistes de devenir des artistes à part entière.

C'est surtout un mode pas du tout négligé, bien pensé, avec du clip de la promo comme un véritable album. Si un tube en sort c'est la porte ouverte à une tournée des clubs, des festivals et donc de quoi vivre de sa musique sans même vendre un CD.

Un Young Thug, un Rich Homie Quan se fiche de vendre sa musique car ce qui lui importe c'est d'avoir des dates, et pour avoir des dates quitte à passer 4 fois au même endroit en 6 mois, il faut du contenu nouveau. Les Migos marchent aussi ainsi, ils font parfois 10 dates dans le mois c'est 150 K $ de chiffres d'affaires. Leur album qui n'a rien vendu leur a montré que cette voie pouvait plus leur nuire que leur apporter quelque chose dans leur business.

Aux USA ils ont compris un truc, il y a des artistes pour faire des albums, qui savent le faire, qui ont un public pour ça, et d'autres qui sont des artistes buzz, qui ont une hype, un bruit dans la rue, un public qui ira les voir en showcase, mais qui n'achètera pas leur musique.

Yo Gotti est millionaire avant même de sortir son projet et enfin son premier vrai tube international 'In The DM".

Cette alternative permet à de nombreux artistes de vivre de leur art et d'avoir une carrière beaucoup plus longue qu'il n'en aurait eu il y a 10 ans. Ils sont hyper productifs, sont indépendants, et donnent des produis de qualité à leur public.

Mon idée alternative

Oubliez la vente d'album si vous n'êtes personne, oubliez les maisons de disque les showcase etc... ça ce sera quand vous serez quelqu'un. Pour l'instant il y a Fresh2Def ou Haute Culture qui vous permettront de faire connaitre vos mixtapes, travaillez ces projets comme des albums et surtout essayez de travailler au moins un voir deux tubes auquel vous donnerez les moyens de se faire connaitre. Il ne faut pas des millions pour un bon clip, il faut un concept un truc qui attire l'attention comme Matuidi Charo, ou Shmurda Dance par exemple, ou même un scénario qui fera parler de vous, l'important c'est que votre son et votre nom circule.

Pour ceux qui ont un public qui font des millions de vues, il est temps d'attaquer l'Europe, pas la France, arrêtez de croire que vos millions de vues viennent seulement de l'hexagone, analysez les chiffres, youtube fournit les pays dans lesquels vous êtes le plus écouté, contactez les boites de nuit, pas besoin d'un album pour faire un showcase. L'Europe c'est 500 millions d'habitants comment un Booba ou un La Fouine je n'ai jamais vu de concert en Hollande, ou en Pologne, alors que ces gens écoutent du rap français.

Enfin il y a un aspect totalement ignoré par les artistes rap ou pas, faire monnayer ses vues.
Vous faites 10 millions de vues, un bon press kit bien présenté peut vous permettre d'avoir des sponsors sur vos videos, vos shows, des tweets et j'en passe, bref ce qu'ont développé les youtubeurs et les bloggers et qui est totalement absent ou trop peu dans la musique française.

Votre audience peut se revendre à un très bon prix et vous permettre de vivre de votre art sans vendre forcément de la musique.

un album ne doit être sorti que si un disque d'or est envisagé, ou qu'on a un public captif qui ne nécessite pas trop d'investissement. Les anglais s'exportent en France et dans toute l'Europe mais jamais les français c'est limite inquiétant.

L'Afrotrap est écouté en Hollande, en Suède, au Danemark, et ceux qui ont lancé le mouvement ne s'exporte pas ? Il y a un réel soucis marketing .


En conclusion la musique française doit se réinventer et se financer autrement si elle ne veut pas voir ses talents mourir à petit feu.

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