La femme et l'argent

Résumé d'une étude TNS SOFRES


Qui gère l’argent dans le ménage ?

A cette question, 45% des femmes répondent que ce sont elles, devançant ainsi la gestion à deux (39%). 16% seulement des femmes vivant en couple l’abandonnent à leur conjoint. Les réponses des hommes privilégient un peu plus la gestion à deux, mais 31% reconnaissent quand même que c’est leur conjointe qui gère. Par rapport à une étude de 1999 sur le même sujet, on voit que les hommes ont abandonné du terrain : seulement 19% disaient à cette époque laisser la gestion à leur compagne, alors qu’ils sont 31% 7ans plus tard.

L’argent, source de conflit ?

Ces questions d’argent peuvent d’ailleurs être une source de conflit, au moins de temps en temps pour 23% des couples (rarement pour 25% et jamais pour 52%). Le ressenti des femmes est un peu plus critique que celui des hommes : 26% disent vivre des conflits au moins de temps en temps, contre 19% des hommes. Et ceux-ci sont 55% à penser qu’il n’y a jamais de conflit. Notons aussi qu’il y a plus de conflits au sujet de l’argent en milieu ouvrier et moins chez les personnes âgées.

Les femmes font davantage leurs comptes que les hommes

92% des femmes font leurs comptes, contre seulement 83% des hommes. Les moins de 35 ans les font moins souvent que les plus de 65 ans, le record étant détenu par les veuves (mais il faut dire que beaucoup doivent gérer au plus près un budget modeste). Les hommes le savent bien d’ailleurs, puisque 75% réfutent l’idée « qu’elles ne savent jamais où elles en sont » (que rejettent 84% des femmes). Sur cette question, l’image sociale rejoint donc tout à fait la réalité. Les préjugés quant aux difficultés des femmes à gérer leurs comptes sont souvent l’adage des femmes qui n’ont pas suivi d’enseignement secondaire : 31% considèrent que les femmes « ne savent pas où elles en sont de leurs comptes » versus 16% en moyenne des femmes.

Tout le monde met de l’argent de côté

A égalité, 82% des hommes et des femmes mettent de l’argent de côté. Pas tout à fait de la même manière, cependant : les hommes sont plus nombreux à le faire régulièrement (52%), les femmes proportionnellement plus nombreuses à le faire irrégulièrement (quand il en reste ?).

Égalité dans le couple : la fin du tabou

Une femme peut-elle gagner plus que son mari ? En 2004, 49% des femmes disaient encore qu’il est gênant pour un homme que sa femme gagne plus que lui (enquête Ifop). Surprise : aujourd’hui, 39% des femmes trouvent cette situation plutôt avantageuse pour le mari, contre 34% qui la trouvent plutôt gênante pour lui. La persistance de la norme traditionnelle est forte, mais elle est devenue minoritaire. De façon amusante, on notera que pendant que les femmes s’affranchissent – lentement, on l’a vu – du schéma traditionnel, les hommes eux se disent à l’aise depuis longtemps avec cette question. 24% seulement trouvaient la situation gênante en 2004, ils ne sont plus que 16% aujourd’hui, contre 53% qui disent tranquillement que c’est plus avantageux pour l’homme. Mais sont-ils sincères ? Toute la question est là.... Si les femmes sont encore plus du double à trouver gênant pour l’homme que sa femme gagne plus que lui, n’est-ce pas au fond qu'elles se méfient de leurs réactions si cela devait se produire ? Notons enfin que le clivage des générations est ici très net, surtout chez les hommes : 63% des hommes de 35–49 ans trouveraient bien que leur compagne gagne plus qu’eux, mais la réticence est forte chez les plus âgés.

Les femmes à l’aise avec leur banquier

Pour voir où en était le vieux cliché qui voudrait qu’on laisse aux hommes le soin de s’occuper des questions sérieuses avec la banque, nous avons demandé si pour négocier un crédit avec son banquier, il vaut mieux être une femme ou un homme. Négocier un crédit avec son banquier ne semble pas être le privilège d’un sexe : 32% des femmes pensent qu’il vaut mieux être... une femme, 31% que cela n’a pas d’importance. Seules 30% estiment qu’il vaut mieux être un homme. Les femmes qui s’estiment les mieux placées pour conduire ce genre d’affaires sont les plus jeunes (44% des moins de 35 ans répondent : une femme) ; celles qui vivent maritalement (49%) – nous avons vu que ce sont elles qui gèrent l’argent du ménage. Le niveau d’instruction joue un rôle important dans la maîtrise de cette situation : 42% des femmes n’ayant pas poursuivi leurs études au-delà du Bac se jugent moins aptes que les hommes à négocier un crédit. Pour parler avec son banquier, c’est encore plus net : 80% des femmes trouvent que c’est facile de poser à son banquier toutes les questions qui les intéressent concernant la gestion de leur argent (dont 27% très facile). Les hommes ne sont que 74% dans le même cas, et encore avec seulement 17% de très facile. Il n’y a que les femmes seules avec enfants qui trouvent que c’est difficile : est-ce le manque de temps, ou le complexe d’être jugées moins solides financièrement ?

Les femmes, l’argent : où en sont les préjugés ?

A l’aise avec l’argent, qu’elles gèrent attentivement, elles sont 74% à refuser l’idée que « les femmes sont moins intéressées par l’argent que les hommes» ; 23% seulement sont d’accord. Les hommes sont à peine plus nombreux à être d’accord : 27% (pour 70% pas d’accord). D’ailleurs, 42% des femmes, à égalité avec les hommes, se disent intéressées par une ligne téléphonique où elles pourraient consulter des spécialistes sur toute question d’argent, gratuitement et sans engagement. Chez les jeunes femmes, ce chiffre monte à 60%. Les nouvelles générations sont tout à fait décomplexées avec les questions d'argent. Pour ce qui est des placements, les opinions sont déjà un peu moins tranchées : 60% des femmes réfutent le préjugé que « les femmes s’intéressent à la gestion de leurs placements moins que les hommes » ; mais tout de même, 4 sur 10 le partagent (38 %), à égalité avec les hommes. Ce sont surtout les seniors, les cadres supérieurs qui ont en tête ce vieux schéma, partagé toutefois par les femmes seules avec enfants.
Malgr é cela, certains clichés ont la vie dure. Ainsi la moitié des femmes pensent qu’elles sont souvent moins prises au sérieux que les hommes quand elles parlent d’argent. Les hommes ont-ils conscience du malaise ? Un peu, mais beaucoup moins : 37% seulement partagent l’avis de leurs compagnes, 61% le nient. Le cliché s’érode toutefois avec les générations : ainsi 54% des femmes de plus de 65 ans le partagent, mais seulement 46% des 18–24 ans. Si les femmes s’intéressent à l’argent, serait-ce parce qu’elles aiment le dépenser ? C’est possible, quand on voit que 41% des femmes sont d’accord avec l’idée que « les femmes sont plus dépensières que les hommes ». Mais là, ce sont elles qui le disent. C’est encore plus net chez les moins de 35 ans : 52% s’avouent sans complexe plus dépensières ! Pourtant, la majorité réfute l’idée (58% des femmes et 61% des hommes).

Galanterie et romantisme pas morts

Malgré les progrès manifestes accomplis dans les mentalités et la lutte pour la parité qui se poursuit, l’homme « galant » reste un modèle bien ancré dans les mentalités. Comme le montre la question test de « qui doit payer la note au restaurant ?', 44% des femmes estiment toujours que c’est à l’homme de payer. Cependant, là aussi l’idée fait son chemin que la revendication de la parité ne peut aller de pair avec le maintien du scénario convenu. Elles sont aujourd’hui 54% à penser que cela ne doit pas être automatique. Ou bien chacun paye pour soi (14%), ou bien celui qui a la meilleure situation financière (16% - mais 32% chez les femmes cadres), ou bien cela dépend de la situation (24% des femmes). Il est amusant de noter que les hommes se posent moins de questions et sont beaucoup plus attachés à une répartition traditionnelle des rôles qui les valorise (ou les rassure ?) : 56% estiment que c’est à l’homme de payer ! Soulignons également un retour des jeunes vers les rôles traditionnels : 54% des 18 – 24 ans pensent que c’est à l’homme de payer, contre 38% des plus de 65 ans. On dit qu’on vit dans une époque où l’argent compte plus que tout ? Faux ! S’il fallait choisir entre l’amour et l’argent, c’est l’amour qui l’emporterait à 81% pour les femmes. Et même à 87% pour les hommes. Le romantisme a encore de beaux jours devant lui. C’est encore plus vrai pour les jeunes femmes, les couples avec enfants, et les cadres supérieurs (qui ont déjà l’argent, c’est plus facile).

De quoi rêvent-elles ?

On dit souvent que les femmes sont toujours en train de courir entre le travail, les courses, l’école et la maison. Pourtant, ce qu’elles souhaiteraient en premier pour 2006, c’est plus d’argent (26%), devant plus de temps (23%) et de voyages (23%), alors que les hommes choisissent davantage de temps (31%), loin devant l’argent (21%) et les voyages (20%). Les aspirations varient évidemment en fonction de la catégorie sociale : les souhaits des femmes plus aisées s’orientent vers le temps (39 % vs 23% en moyenne) ; tandis que l’argent est au cœur des aspirations des femmes ayant un niveau d’études peu élevé (37% des femmes n’ayant pas dépassé le secondaire, contre 25% en moyenne).
Étude réalisée par téléphone, auprès d'un échantillon de 1000 personnes représentatif de la population âgées de 15 ans et plus, constitué selon la méthode des quotas.
 

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