La Norvège leader mondial en matière de voiture verte

La Norvège, qui affiche le record mondial du nombre de voitures électriques par habitant s'apprête à réduire ses subventions. L'incertitude a ralenti le dynamisme des ventes.


En cinq ans, la Norvège est devenue la vitrine mondiale de la mobilité verte. Avec plus de 90000 véhicules électriques en circulation en septembre 2016 et quelque 27000 hybrides rechargeables, le plus gros État pétrolier d'Europe de l'Ouest détient un record mondial, avec un véhicule vert pour cinquante habitants.
Mais les ventes de voitures électriques neuves marquent le pas. Elles représentent 15% des nouvelles immatriculations au cours des 8 derniers mois contre 17% pour la période correspondante de 2015.
«Cette chute n'est pas due à une désaffection des acheteurs qui sont dans l'attente de prochains modèles à plus grande autonomie. Elle est liée aux incertitudes sur la durée des nombreux avantages accordés par les pouvoirs publics aux véhicules électriques», selon Christina Bu, secrétaire générale de l'association des voitures électriques.
Les acheteurs du véhicule électrique sont exemptés de taxes, des péages (autoroutes, ponts, tunnels), embarquent sans frais sur les ferries et empruntent les couloirs de bus.
Des mesures incitatives qui ont fait exploser les ventes (de 2240 en 2011 à plus de 90000 en 2016) et qui ont séduit Ina Fikse de Bergen, à l'ouest du pays. Cette mère de famille roule en BMW électrique «la deuxième voiture de la famille, qui nous donne bonne conscience en faisant un geste pour le climat et parce qu'elle ne coûte presque rien en entretien et sa consommation est peu chère surtout que l'électricité (à 95% d'origine hydraulique) est bon marché chez nous».
Elle assure qu'elle aurait «acheté cette voiture propre même sans les avantages actuels» pour participer à la réduction de la pollution qui atteint des pics en hiver à Bergen, où seuls les véhicules électriques sont autorisés, les jours critiques, à circuler.
Au Hordaland, la région de Bergen, plus de 20% des nouvelles voitures immatriculées sont électriques contre une moyenne d'environ 15% pour toute la Norvège au premier semestre 2016. «Ce comté a facilité la vie des conducteurs de voitures électriques, en leur offrant le plus grand nombre de points de recharges électriques et en accueillant plusieurs concessionnaires» selon Petter Haugneland, porte-parole de l'association des voitures électriques.
Mais la médaille a son revers. Ces privilèges créent des tensions avec les autres automobilistes et les usagers des transports publics, notamment à Oslo la capitale où les couloirs d'autobus sont surchargés par l'afflux incessant des voitures propres. La Norvège paradis de la voiture électrique est devenue aux heures de pointe un enfer pour la circulation des grandes villes.
La période de grâce semble se terminer. Les communes, capitale tête, vont contraindre en mars prochain les propriétaires à s'acquitter des péages urbains dans les heures de pointe en 2017-2018 puis à toute heure à partir de 2020. Et ce alors que la commune d'Oslo doit réduire les émissions de CO2 de 50% en 2020 et de 95% avant 2030.
«C'est un jeu dangereux de rogner la politique de soutien au tout électrique alors que paradoxalement le Parlement s'est fixé pour objectif de voir rouler uniquement des véhicules à zéro émissions de gaz à effet de serre en 2025», selon Mme Bu. Un objectif trop ambitieux que les écologistes pensent plutôt réalisable en 2030.
Selon une enquête de son association, 77% des Norvégiens invoquent la gratuité de passage dans les autoroutes, tunnels, ponts et ferries et 69% le souci de réduire la pollution qui ont pesé dans leur choix d'un véhicule électrique.
«Il est essentiel, dit-elle, que gouvernement et parlement ne remettent pas en question cette politique d'autant que près d'un tiers des véhicules acheté en 2016 est totalement ou en partie électrique», en raison notamment de l'essor des véhicules hybrides dont les ventes ont augmenté de plus de 200% en un an.

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